02 janvier 2006

Comment engager les élèves dans cette aventure ?

D’une manière générale, découper les tâches en éléments simples rend le travail monotone alors qu’accroître la complexité augmente l’intérêt donc la motivation. Proposer une tâche complexe à l’élève, c’est le valoriser, lui montrer qu’on le croit capable de réussir, c’est aussi une bonne façon d’éveiller sa curiosité naturelle. L'absence de motivation a souvent sa source dans la conscience erronée de l'incapacité. Montrer à l’élève qu’il peut réussir dans une activité complexe peut faire évoluer positivement l’image qu’il a de lui-même et de ses capacités.

Pour Philippe MEIRIEU, il faut savoir « créer l’énigme » en proposant à l’élève une situation –problème à la fois accessible et difficile, qu’il puisse maîtriser à terme sans en faire d’emblée le tour ni disposer à l’avance de la solution. Il ajoute que c’est quand l’élève ressent le sentiment qu’il peut y arriver, qu’il entrevoit une hypothèse mais qu’il n’y parvient pas encore et qu’il reste quelque chose à faire, qu’il se met en route, il se met en route pour percer le secret. Le désir naît alors de la reconnaissance d’un espace à investir, d’un lieu et d’un temps où être, où croître, où apprendre. (1)

Il s’agit aussi de donner aux élèves un but précis et ambitieux. Des expériences menées par Edwin Locke en 1967 dans l’université du Maryland montrent clairement qu’un but difficile à atteindre (par exemple un grand nombre de problèmes à résoudre dans un temps limité) mène les étudiants à de meilleures performances que des buts de faible ou de moyenne difficulté ou des buts vagues (« faites de votre mieux »). Cela devient alors pour les élèves un défi personnel à relever (motivation intrinsèque). Bien entendu, le but difficile est un but accessible s’il est trop élevé, il risque de créer de la résignation au lieu de motiver. (2)

Je n’ai jamais rencontré de réels problèmes pour entraîner les élèves dans ces « aventures mathématiques » et ils se montrent même souvent plus intéressés que je ne l’avais anticipé. Plus qu’au résultat final je m’attache surtout à les faire entrer dans une dynamique de recherche.

Que faut-il trouver ? Comment pourrait-on commencer à chercher ? Comment va-t-on s’organiser ? Comment faire pour vérifier nos résultats ? … On s’engage alors dans un travail proche de l’expérimentation scientifique.

Bien sûr, tout cela est fort coûteux en temps mais je crois que c’est loin d’être du temps perdu. C’est au contraire du temps gagné pour plus de sens et moins d’utilisation de « recettes » non comprises.

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(1) MEIRIEU P., Apprendre … oui, mais comment, ESF éditeur, 1987
(2) LIEURY A. et FENOUILLET F., Motivation et réussite scolaire, Dunod, 1997


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci d'avoir un blog interessant