07 janvier 2006

Pourquoi faire « complexe » quand on pourrait faire « simple » ?

Je travaille en ZEP avec des petits groupes d’élèves en difficulté et pourtant je fais le choix de travailler sur des situations complexes parce que c’est justement ce qui pose problème à ces élèves.


En effet, la plupart des élèves en difficulté peuvent acquérir des mécanismes mais ont beaucoup de difficultés à savoir quand et comment les mettre en œuvre dans une situation complexe. Marie-Jeanne PERRIN-GLORIAN décrit les difficultés suivantes chez les élèves faibles en mathématiques :

- La difficulté à changer de point de vue, à tenir compte de deux relations en même temps, à réutiliser dans un autre contexte une notion abordée dans un contexte différent.

- L’idée que l’on sait ou que l’on ne sait pas au lieu d’envisager l’idée que l’on peut s’approcher de la solution, résoudre un problème voisin qui permet d’avancer sur le problème cherché.

- La recherche d’algorithmes, qui constituent des économies de pensée, ces élèves se construisent des règles de fonctionnement qui, souvent, ne prennent en compte qu’une partie de l’information et qui ont des domaines de validité très restreints, voire nuls.

- Ces élèves ne savent pas comment aborder un problème, ils semblent manquer de situations complexes de référence ce qui les amène à se replier sur la recherche d’une opération à effectuer ou d’une règle à appliquer. Ils ne prennent souvent en compte qu’une partie de l’information et ont du mal à l’organiser pour se faire une représentation du problème.

- Ils ne peuvent pas le plus souvent mettre en place une procédure de vérification qui soit différente d’une procédure de résolution. (1)


Or tous ces aspects sont justement abordés dans le traitement de situations complexes.

Edgar MORIN parle aussi de pensée complexe en ces termes : « Ce que j'appelle la pensée complexe, c'est celle qui surmonte la confusion, l'embarras et la difficulté de penser à l'aide d'opérateurs et à l'aide d'une pensée organisatrice : séparatrice et reliante » (2). Or, c’est bien cette pensée complexe qui fait défaut aux élèves en difficulté en mathématiques.

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(1) PERRIN-GLORIAN M.J. (1993) : Questions didactiques soulevées à partir de l'enseignement des mathématiques dans des "classes faibles" Recherches en didactique des mathématiques , n°13/1.2.

(2) Communication d’Edgar MORIN au Congrès International "Quelle Université pour demain ? Vers une évolution transdisciplinaire de l'Université " (Locarno, Suisse, 30 avril - 2 mai 1997) ; texte publié dans Motivation, N° 24, 1997.

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